Serveur Apache HTTP Version 2.4
Ce document propose quelques conseils et astuces concernant les problèmes de sécurité liés à l'installation d'un serveur web. Certaines suggestions seront à caractère général, tandis que d'autres seront spécifiques à Apache.
Le serveur HTTP Apache a une bonne réputation en matière de sécurité et possède une communauté de développeurs très sensibilisés aux problèmes de sécurité. Mais il est inévitable de trouver certains problèmes -- petits ou grands -- une fois le logiciel mis à disposition. C'est pour cette raison qu'il est crucial de se tenir informé des mises à jour. Si vous avez obtenu votre version du serveur HTTP directement depuis Apache, nous vous conseillons grandement de vous abonner à la Liste de diffusion des annonces du serveur HTTP qui vous informera de la parution des nouvelles versions et des mises à jour de sécurité. La plupart des distributeurs tiers d'Apache fournissent des services similaires.
Gardez cependant à l'esprit que lorsqu'un serveur web est compromis, le code du serveur HTTP n'est la plupart du temps pas en cause. Les problèmes proviennent plutôt de code ajouté, de scripts CGI, ou du système d'exploitation sous-jacent. Vous devez donc vous tenir informé des problèmes et mises à jour concernant tous les logiciels présents sur votre système.
Tous les services réseau peuvent faire l'objet d'attaques de type "Déni de service" qui tentent de les empêcher de répondre aux clients en saturant leurs ressources. Il est impossible de se prémunir totalement contre ce type d'attaques, mais vous pouvez accomplir certaines actions afin de minimiser les problèmes qu'elles créent.
Souvent, l'outil anti-DoS le plus efficace sera constitué par le pare-feu ou certaines configurations du système d'exploitation. Par exemple, la plupart des pare-feu peuvent être configurés de façon à limiter le nombre de connexions simultanées depuis une adresse IP ou un réseau, ce qui permet de prévenir toute une gamme d'attaques simples. Bien sûr, ceci n'est d'aucun secours contre les attaques de type "Déni de service" distribuées (DDoS).
Certains réglages de la configuration d'Apache peuvent aussi minimiser les problèmes :
RequestReadTimeout
permet de
limiter le temps que met le client pour envoyer sa requête.TimeOut
doit être diminuée sur les
sites sujets aux attaques DoS. Une valeur de quelques secondes devrait
convenir. Cependant, comme TimeOut
est actuellement concerné par de nombreuses opérations différentes, lui
attribuer une valeur trop faible peut provoquer des problèmes avec les
scripts CGI qui présentent un long temps de réponse.KeepAliveTimeout
doit aussi être
diminuée sur les sites sujets aux attaques DoS. Certains sites
désactivent même complètement le "maintien en vie" (keepalives)
à l'aide de la directive
KeepAlive
, ce qui bien sûr
présente des inconvénients en matière de performances.LimitRequestBody
,
LimitRequestFields
,
LimitRequestFieldSize
,
LimitRequestLine
, et
LimitXMLRequestBody
doivent être
configurées avec prudence afin de limiter la consommation de ressources
induite par les demandes des clients.
AcceptFilter
est
activée afin de déléguer une partie du traitement des requêtes au
système d'exploitation. Elle est activée par défaut dans le démon httpd
d'Apache, mais peut nécessiter une reconfiguration de votre noyau.MaxRequestWorkers
de façon à définir le nombre
maximum de connexions simultanées au dessus duquel les ressources
s'épuisent. Voir aussi la documentation sur l'optimisation des
performances.event
utilisera un traitement asynchrone afin de ne pas
dédier un thread à chaque connexion. De par la
nature de la bibliothèque OpenSSL, le module mpm event
est actuellement incompatible
avec le module mod_ssl
ainsi que d'autres filtres
en entrée. Dans ces cas, son comportement se ramène à celui
du module mpm worker
.Typiquement, Apache est démarré par l'utilisateur root, puis il devient
la propriété de l'utilisateur défini par la directive User
afin de répondre aux demandes. Comme
pour toutes les commandes exécutées par root, vous devez vous assurer
qu'elle n'est pas modifiable par les utilisateurs autres que root. Les
fichiers eux-mêmes, mais aussi les répertoires ainsi que leurs parents ne
doivent être modifiables que par root. Par exemple, si vous avez choisi de
placer la racine du serveur dans /usr/local/apache
, il est conseillé de
créer le répertoire en tant que root, avec des commandes du style :
mkdir /usr/local/apache
cd /usr/local/apache
mkdir bin conf logs
chown 0 . bin conf logs
chgrp 0 . bin conf logs
chmod 755 . bin conf logs
Nous supposerons que /
, /usr
et
/usr/local
ne sont modifiables que par
root. Quand vous installez l'exécutable httpd
, vous
devez vous assurer qu'il possède des protections similaires :
cp httpd /usr/local/apache/bin
chown 0 /usr/local/apache/bin/httpd
chgrp 0 /usr/local/apache/bin/httpd
chmod 511 /usr/local/apache/bin/httpd
Vous pouvez créer un sous-répertoire htdocs modifiable par d'autres utilisateurs -- car root ne crée ni exécute aucun fichier dans ce sous-répertoire.
Si vous permettez à des utilisateurs non root de modifier des fichiers
que root écrit ou exécute, vous exposez votre système à une compromission
de l'utilisateur root. Par exemple, quelqu'un pourrait remplacer le binaire
httpd
de façon à ce que la prochaine fois que vous le
redémarrerez, il exécutera un code arbitraire. Si le répertoire des
journaux a les droits en écriture (pour un utilisateur non root), quelqu'un
pourrait remplacer un fichier journal par un lien symbolique vers un autre
fichier système, et root pourrait alors écraser ce fichier avec des données
arbitraires. Si les fichiers journaux eux-mêmes ont des droits en
écriture (pour un utilisateur non root), quelqu'un pourrait
modifier les journaux eux-mêmes avec des données fausses.
Les inclusions côté serveur (Server Side Includes - SSI) exposent l'administrateur du serveur à de nombreux risques potentiels en matière de sécurité.
Le premier risque est l'augmentation de la charge du serveur. Tous les fichiers où SSI est activé doivent être analysés par Apache, qu'ils contiennent des directives SSI ou non. L'augmentation de la charge induite est minime, mais peut devenir significative dans le contexte d'un serveur partagé.
Les fichiers SSI présentent les mêmes risques que les scripts CGI en
général. Les fichiers où SSI est activé peuvent exécuter tout script CGI
ou autre programme à l'aide de la commande "exec cmd"
avec les permissions
des utilisateur et groupe sous lesquels Apache s'exécute, comme défini
dans apache2.conf
.
Des méthodes existent pour améliorer la sécurité des fichiers SSI, tout en tirant parti des bénéfices qu'ils apportent.
Pour limiter les dommages qu'un fichier SSI agressif pourrait causer, l'administrateur du serveur peut activersuexec comme décrit dans la section Les CGI en général.
L'activation des SSI pour des fichiers possédant des extensions
.html
ou
.htm
peut s'avérer dangereux. Ceci est particulièrement vrai dans un
environnement de serveur partagé ou étant le siège d'un traffic élevé. Les
fichiers où SSI est activé doivent posséder une extension spécifique, telle
que la conventionnelle .shtml
. Ceci permet de limiter la charge du serveur
à un niveau minimum et de simplifier la gestion des risques.
Une autre solution consiste à interdire l'exécution de scripts et
programmes à partir de pages SSI. Pour ce faire, remplacez
Includes
par IncludesNOEXEC
dans la directive
Options
. Notez que les utilisateurs
pourront encore utiliser <--#include virtual="..." -->
pour exécuter
des scripts CGI si ces scripts sont situés dans des répertoires spécifiés
par une directive
ScriptAlias
.
Tout d'abord, vous devez toujours garder à l'esprit que vous devez faire confiance aux développeurs de scripts ou programmes CGI ainsi qu'à vos compétences pour déceler les trous de sécurité potentiels dans les CGI, que ceux-ci soient délibérés ou accidentels. Les scripts CGI peuvent essentiellement exécuter des commandes arbitraires sur votre système avec les droits de l'utilisateur du serveur web, et peuvent par conséquent être extrèmement dangereux s'ils ne sont pas vérifiés avec soin.
Tous les scripts CGI s'exécutent sous le même utilisateur, il peuvent donc entrer en conflit (accidentellement ou délibérément) avec d'autres scripts. Par exemple, l'utilisateur A hait l'utilisateur B, il écrit donc un script qui efface la base de données CGI de l'utilisateur B. Vous pouvez utiliser le programme suEXEC pour faire en sorte que les scripts s'exécutent sous des utilisateurs différents. Ce programme est inclus dans la distribution d'Apache depuis la version 1.2 et est appelé à partir de certaines portions de code du serveur Apache. Une autre méthode plus connue est l'utilisation de CGIWrap.
Vous ne devez permettre aux utilisateurs d'exécuter des scripts CGI depuis n'importe quel répertoire que dans l'éventualité où :
Le confinement des CGI dans des répertoires spécifiques permet à l'administrateur de contrôler ce que l'on met dans ces répertoires. Ceci est bien entendu mieux sécurisé que les CGI sans alias de script, mais seulement à condition que les utilisateurs avec les droits en écriture sur les répertoires soient dignes de confiance, et que l'administrateur ait la volonté de tester chaque programme ou script CGI à la recherche d'éventuels trous de sécurité.
La plupart des sites choisissent cette approche au détriment des CGI sans alias de script.
Les options de scripting intégrées qui s'exécutent en tant que partie du
serveur lui-même, comme mod_php
, mod_perl
,
mod_tcl
, et mod_python
,
s'exécutent sous le même utilisateur que le serveur (voir la directive
User
), et par conséquent,
les scripts que ces moteurs exécutent peuvent accéder aux mêmes ressources
que le serveur. Certains moteurs de scripting peuvent proposer des
restrictions, mais pour plus de sûreté, il vaut mieux partir du principe
que ce n'est pas le cas.
Pour contrôler étroitement votre serveur, vous pouvez interdire
l'utilisation des fichiers .htaccess
qui permettent de
passer outre les fonctionnalités de sécurité que vous avez configurées.
Voici un moyen pour y parvenir :
Ajoutez dans le fichier de configuration du serveur
<Directory "/"> AllowOverride None </Directory>
Ceci interdit l'utilisation des fichiers .htaccess
dans
tous les répertoires, sauf ceux pour lesquels c'est explicitement
autorisé.
Notez que c'est la configuration par défaut depuis Apache 2.3.9.
Le concept d'accès par défaut est un aspect d'Apache qui est parfois mal compris. C'est à dire que, à moins que vous ne changiez explicitement ce comportement, si le serveur trouve son chemin vers un fichier en suivant les règles normales de correspondance URL - fichier, il peut le retourner aux clients.
Considérons l'exemple suivant :
# cd /; ln -s / public_html
puis accès à https://localhost/~root/
Ceci permettrait aux clients de parcourir l'ensemble du système de fichiers. Pour l'éviter, ajoutez le bloc suivant à la configuration de votre serveur :
<Directory "/"> Require all denied </Directory>
ceci va interdire l'accès par défaut à tous les fichiers du système de
fichiers. Vous devrez ensuite ajouter les blocs
Directory
appropriés correspondant
aux répertoires auxquels vous voulez autorisez l'accès. Par exemple,
<Directory "/usr/users/*/public_html"> Require all granted </Directory> <Directory "/usr/local/httpd"> Require all granted </Directory>
Portez une attention particulière aux interactions entre les directives
Location
et
Directory
; par exemple, si une
directive <Directory ""/>
interdit un accès, une
directive <Location "/">
pourra passer outre.
De même, soyez méfiant en jouant avec la directive
UserDir
; la positionner à
"./"
aurait le même effet, pour root, que le premier exemple plus haut.
Nous vous conseillons
fortement d'inclure la ligne suivante dans le fichier de configuration de
votre serveur :
UserDir disabled root
Pour vous tenir informé de ce qui se passe réellement dans votre serveur, vous devez consulter vos fichiers journaux. Même si les fichiers journaux ne consignent que des évènements qui se sont déjà produits, ils vous informeront sur la nature des attaques qui sont lancées contre le serveur et vous permettront de vérifier si le niveau de sécurité nécessaire est atteint.
Quelques exemples :
grep -c "/jsp/source.jsp?/jsp/ /jsp/source.jsp??" access_log
grep "client denied" error_log | tail -n 10
Le premier exemple listera les attaques essayant d'exploiter la vulnérabilité d'Apache Tomcat pouvant provoquer la divulgation d'informations par des requêtes Source.JSP mal formées, le second donnera la liste des dix dernières interdictions client ; par exemple :
[Thu Jul 11 17:18:39 2002] [error] [client foo.example.com] client denied
by server configuration: /usr/local/apache/htdocs/.htpasswd
Comme vous le voyez, les fichiers journaux ne consignent que ce qui
s'est déjà produit ; ainsi, si le client a pu accéder au fichier
.htpasswd
, vous devriez avoir quelque chose du style :
foo.example.com - - [12/Jul/2002:01:59:13 +0200] "GET /.htpasswd HTTP/1.1"
dans votre journal des accès ; ce qui signifie que vous avez probablement mis en commentaire ce qui suit dans le fichier de configuration de votre serveur :
<Files ".ht*"> Require all denied </Files>
La fusion des sections de configuration est complexe et dépend souvent des directives utilisées. Vous devez systématiquement tester vos modifications pour vérifier la manière dont les directives sont fusionnées.
Concernant les modules qui n'implémentent aucune logique de
fusion, comme mod_access_compat
, le
comportement des sections suivantes est tributaire de la présence
dans ces dernières de directives appartenant à ces modules. La
configuration est héritée jusqu'à ce qu'une modification soit
effectuée ; à ce moment, la configuration est remplacée et
non fusionnée.